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À l’endroit même où fut érigé le Templo Mayor, grande pyramide évoquant la montagne sacrée de la vision Mexica, ont été retrouvées d’innombrables offrandes. Dans une grande rétrospective de cette civilisation, l’exposition au musée du quai Branly permet de découvrir pour la première fois en France les résultats des fouilles du site.

Pierre sacrificielle (temalacatl) © M.C.
Pierre sacrificielle (temalacatl) © M.C.

Après les Mayas, les Olmèques et les civilisation pré-incaïques, le musée du quai Branly propose ce printemps une grande exposition consacrée aux Mexicas, plus communément appelés Aztèques (même si cela n’est pas tout à fait correct). À travers 7 sections et 500 pièces, le visiteur peut se faire une idée très précise de qui ils étaient, quelle était leur vision du monde et quels dieux ils adoraient. L’exposition a nécessité deux ans de travail ce qui est n’est pas beaucoup constate Fabienne de Pierrebourg, responsable des collections Amériques. «D’habitude, c’est quatre ans» de travail.

Une large partie des pièces exposées viennent du musée du Templo Mayor à laquelle la section 5 de l’exposition est entièrement dédiée. Il faut dire que depuis 1978 et la découverte du monolithe de la déesse de la lune, Coyolxauhqui, les fouilles se poursuivent dans le centre de Mexico. Et chaque jour ou presque, les archéologues découvrent des trésors enterrés. Les dernières trouvailles en date étant des offrandes aux dieux (animaux, être humains…).

Emplacement des découvertes d'offrandes au Templo Mayor © M.C.
Emplacement des découvertes d’offrandes au Templo Mayor © M.C.

Les Mexicas avaient «des dieux pour tout ou presque»

«Avec cette exposition on voulait montrer à quel point la religion est intégrée à la vie quotidienne», chez les Mexicas indique Steve Bourget, responsable de collections Amériques du musée. «Il y a des dieux pour tout ou presque», ajoute ce dernier. Dès l’entrée, le visiteur est accueilli par un récipient cérémoniel en forme d’aigle. Comme un chac mool, il a probablement servi à recevoir les cœurs et le sang des sacrifiés. Un peu plus loin dans cette première salle dédiée à la civilisation mexica à proprement parler, se trouve une statue de la déesse de l’accouchement.

Dans la seconde salle dont les murs sont sombres et peints en bleu un énorme présentoir rond offre un mapping de la pierre du soleil. Sur les murs du fond sont projetées les explications sur le comptage du temps et la lecture du fameux «calendrier aztèque». «Ils sont au 16e siècle tout aussi avancés que les Espagnols qui vont les rencontrer. Ce ne sont pas des société archaïques par rapport au développement des société européennes du 16e siècle», ajoute Steve Bourget.

Ouvrez l’œil !

Juste en face, une des multiples représentations de Quetzalcoatl. Et tout au fond, vous risquez de passer à côté sans la voir, tellement est elle petite, se trouve la statue de la dualité. En pierre verte, elle illustre le cycle vie-mort cher aux Mexicas. Ce concept d’opposition entre le monde des vivants et l’inframonde se retrouve un peu plus loin où des présentoirs montrent les deux faces de cette dualité : aigle VS jaguar, jade vert VS or, brasero (le feu) VS jarre (l’eau), etc.

On ne peut ensuite que s’arrêter devant Mictlantecuthli, la statue gigantesque du dieu de la mort. Regardez la bien, vous verrez que son crâne est troué… «On pense qu’on lui ajoutait des cheveux frisés car les cheveux frisés étaient associés à la mort», note Fabienne de Pierrebourg.

La section 3 accueille une série de représentations de figures divines, notamment une statue à taille réelle d’Ehecatl, le dieu du vent. Il s’agit d’un homme vêtu d’un pagne et qui porte un masque en forme de bec d’oiseau. «Le style est différent car la statue a été retrouvée dans une ville près de Mexico conquise sur le tard par les Mexicas. Il faut imaginer que cette statue était en haut d’un temple et attendait les visiteurs», relate Fabienne de Pierrebourg.

Le tambour en bois, une splendeur

Tambour vertical en bois qui représente le 5e soleil © M.C.
Tambour vertical en bois qui représente le 5e soleil © M.C.

Le regard est ensuite attiré par un objet dans une vitrine. Nous voici dans la salle 4 aux murs rouges dédiée aux relations entre les humains et les dieux. Un fac-similé du Codex Borbonicus et présenté. Mais on passe plus de temps faire le tour de la première vitrine. Ce tambour vertical en bois (1325-1521) provient de Maninalco. Il a été utilisé lors des fêtes communales jusqu’à la fin du 19e siècle. Et il est splendide ! Entièrement gravé, d’un côté et de l’autre sont représentés des éléments contraires aigle/jaguar. Cette association d’éléments féminins et masculins est liée à la guerre et au mouvement du soleil.

S’en suit, dans un couloir, toujours entouré de murs rouges, des pierres sacrificielles imposantes ainsi que les couteaux utilisés pour les cardiectomies.

Les offrandes du Templo Mayor réunies dans une salle

Os de félin et de crocodile, crânes humains, coquillages… Dans le secteur 5 de l’exposition Mexica sont condensées les offrandes aux dieux découvertes sur le site du Templo Mayor. «Jusqu’à aujourd’hui on a récupéré 209 offrandes», précise Leonardo Lopez Lujan, archéologue et directeur du projet Templo Mayor. «Les Mexicas creusaient des cavités où ils enterraient des coffres ou des caisses dans lesquelles on mettait tout type d’objets : des minéraux, des animaux des plantes, des êtres humains mais aussi des objets culturels. Beaucoup d’objets sont montrés ici pour la première fois en Europe.»

La jarre qui est sur l’affiche de l’exposition représente Tlaloc. Elle se trouve dans une vitrine au fond. Deux jarres similaires ont été trouvées. L’une voyage tandis que l’autre reste au musée du Templo Mayor à Mexico.

Leonardo Lopez lujan présente la partie 5 de l'exposition dédiée au Templo Mayor © M.C.
Leonardo Lopez Lujan présente la partie 5 de l’exposition dédiée au Templo Mayor © M.C.

Enfin, une pièce de transition évoque la conquête par les Espagnols dans un décor très sombre. Vient ensuite la lumière et le renouveau, soit la vie des descendants des Mexicas au Mexique. De quoi constater que certaines traditions perdurent et sont toujours vivaces.

ON A AIME : la déambulation (facile et intuitive), le tambour en bois (exceptionnel), les panneaux explicatifs (clairs et pédagogiques).

ON A MOINS AIME : le bruit alentour, l’exposition étant située au rez-de-jardin on entend tous les bruits des personnes circulant dans le musée.

Mexica. Des dons et des dieux au Templo Mayor, du 3 avril au 8 septembre 2024 musée du quai Branly.