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Maternité, artisanat, prêtrise… Les femmes aztèques n’étaient pas vraiment les égales des hommes. Dans cette société guerrière et patriarcale, elles ne pouvaient pas accéder au pouvoir ou faire de la politique. Cependant, certaines devenaient prêtresses.

Des femmes aztèques représentées dans un codex © DR
Des femmes aztèques représentées dans un codex © DR

Quelle était la place des femmes dans la société aztèque ? María Rodríguez-Shadow est chercheuse pour l’Institut National d’Anthropologie et d’Histoire (INAH). Elle a longuement étudié la question. Et pour elle, il ne fait aucun doute que la femme avait une position inférieure aux hommes. «La position subalterne dont souffraient les femmes dans cette société était due, entre autres, au fait que la société aztèque était profondément militarisée», indique-t-elle dans un article paru sur le site de l’université.

Les femmes aztèques étaient écartées de toutes les activités impliquant la richesse. Elles ne participaient pas au pouvoir politique, ni à la guerre. Elles avaient différentes occupations selon leur strate sociale. Les femmes nobles avaient l’obligation de mettre au monde des enfants et de se consacrer à certaines activités domestiques, parmi lesquelles l’artisanat et la fabrication de vêtements. Les femmes de la caste inférieure allaient aux champs puis vendaient leur production. Elles se rendaient également dans les maisons des nobles pour effectuer des travaux domestiques. Quant aux esclaves, elles étaient destinées au service sexuel ou au filage de tissus, et pouvaient être vouées au sacrifice. Eric Costa en a fait un livre, intitulé «Harem».

Les femmes aztèques étaient soumises à une double morale plus stricte que les hommes, notamment en matière de chasteté et de fidélité. Elle perpétuaient aussi leur condition en enseignant à leur fille les tâches domestiques. Elles pouvaient cependant accéder à des fonctions sacrées et devenir prêtresses.

Des données parcellaires

Sylvie Pepaerstrate s’est penchée sur la question dans son livre «À l’ombre de Quetzacoatl». Elle relève ainsi que les femmes apparaissent dans les codex. Elles sont notamment représentées lors des fêtes des vingtaines (p.23) dans «Primeros Memoriales» de Bernardino de Sahagún. Mais pour l’historienne, la tâche est ardue. «La place des femmes dans la société aztèque est relativement bien connue et a déjà fait l’objet de nombreuses études. Ce qui est plus incertain en revanche, c’est les rôles qu’elles pouvaient occuper au service des dieux. On a des données, mais beaucoup moins que sur leurs collègues masculins, ce qui contraint à rester prudent dans les interprétations», indique-t-elle. La raison de ce manque d’information vient du fait que la plupart des ouvrages coloniaux ont été rédigés par des hommes «qui n’ont interrogé que des informateurs masculins», écrit-elle (p.23).

«Il semble par exemple que les femmes n’avaient pas accès aux rangs les plus élevés de la prêtrise, qu’elles ne sacrifiaient pas et qu’elles étaient écartées des temples durant tout leur cycle de fertilité – soit de la puberté à la ménopause –»,  constate l’historienne. Mais il ne s’agit là que d’hypothèses «dues à un manque d’information». Il y a tout de même quelques certitudes relève la spécialiste : «Les prêtresses ne portaient pas les mêmes vêtements et parures que les hommes. Elles logeaient dans des locaux séparés. Elles pouvaient accomplir une série de tâches identiques à celles des prêtres masculins mais il y en avait d’autres qui leur étaient spécifiques comme celles qui avaient trait à la manipulation d’aliments ou à la confection de textiles.»

Sources : Las Mujeres de Tenochtitlan, su papel en la sociedad mexica, María Rodríguez Shadow y sus estudios sobre antropología de las mujeres