Des dieux aztèques aux laboratoires modernes : le surprenant voyage de l’axolotl
Animal emblématique du Mexique, l’axolotl intrigue autant par son apparence que par son histoire. Vénéré des Aztèques, il est aujourd’hui scruté de près par la communauté scientifique.

C’est dans les eaux des canaux de Xochimilco et du lac de Chalco que vit ce petit être bizarroïde. Transparent, avec des pattes, il a besoin d’être dans l’eau pour vivre. Ce sont ses branchies roses, qu’il agite sans cesse, qui lui permettent de respirer. Lui, c’est l’axolotl. Un amphibien connu des Aztèques et qui suscite aujourd’hui l’attrait de la communauté scientifique.
Appelé « ajolote » en nahuatl, il porte le même nom qu’un dieu très particulier : Xólotl, jumeau de Quetzalcóatl, patron des difformes et des monstres, associé aux éclipses et à la planète Vénus. Dans la cosmogonie aztèque, racontée notamment par Bernardino de Sahagún, Xólotl refusa de se sacrifier avec les autres dieux pour mettre en mouvement le Soleil. Pour échapper à la mort, il se transforma tour à tour en maïs, en agave double, puis en axolotl. En vain : il fut retrouvé et mis à mort par le dieu Ehécatl. L’axolotl était un mets de choix pour les seigneurs mexicas. Consommé pour sa chair délicate, il était aussi rare que prisé.
L’axolotl fascine les scientifiques
Aujourd’hui, c’est un autre type de fascination que l’axolotl exerce sur la communauté scientifique. Étudié pour ses capacités exceptionnelles de régénération, il défie les lois de la biologie des mammifères. Des chercheurs de l’EPFL et de l’Université technique de Dresde ont fait une découverte importante chez l’axolotl.
Ils ont identifié des cellules qui ressemblent beaucoup à celles responsables du développement des membres chez tous les vertébrés. Appelées crêtes apicales ectodermiques (AER), elles jouent un rôle crucial. Mais ce n’est pas tout ! L’axolotl fait quelque chose de vraiment spécial avec ces cellules. Au lieu de les concentrer en un seul endroit, il les répartit dans tout son corps. Cette organisation unique lui permet de régénérer ses membres d’une façon que l’on ne retrouve nulle part ailleurs dans le règne animal. Cette découverte ouvre des pistes en médecine régénérative, en particulier pour traiter l’infertilité féminine.
Ainsi, ce petit dieu qui fuyait la mort inspire aujourd’hui l’espoir de vaincre les limites du corps humain.
Sources : Arqueologiamexicana, actu.EPFL, Amoxcalli
Il ressemble comme deux gouttes d’eau à un petit être que j’ai vu au fond d’une grotte en Croatie