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Les Mayas brûlaient leurs morts. Les Aztèques utilisaient le feu pour de nombreuses cérémonies. Mais pourquoi cet élémént était-il aussi important pour les civilisations précolombiennes ?

Cérémonie du feu nouveau, page 34 du Codex Borbonicus © Wikipedia
Cérémonie du feu nouveau, page 34 du Codex Borbonicus © Wikipedia

Des restes de corps carbonisés. Et pas n’importe quels corps. Ceux d’anciens souvenrains. C’est la découverte réalisée par des chercheurs canadiens en fouillant l’ancienne cité d’Ucanal, la capitale du royaume K’anwitznal du Petén, au Guatemala. Les résultats de leurs fouilles ont été rendus publics dans un article publié par l’université de Cambridge.

Ce dernier présente des preuves d’un événement rituel de feu au début du IXe siècle sur le site maya d’Ucanal, marquant un moment de changement dans le royaume de K’anwitznal et dans les basses terres mayas. Une dépouille incendiée, comprenant des os humains et des ornements, a été trouvée près d’une pyramide, suggérant un événement de rupture symbolique avec l’ancienne dynastie régnante. Les ornements incendiés, notamment une diadème en pierre verte et un masque funéraire en mosaïque, indiquent que la dépouille incendiée appartenait à al royauté. Ce rituel du feu était probablement une cérémonie publique. Il marquait sûrement la fin d’un ancien régime et la naissance d’un nouveau estiment les archéologues.

«Le feu est au coeur des pratiques rituelles en Mésoamérique»

«Le feu est au cœur des mythes et des pratiques rituelles en Mésoamérique, probablement depuis le Préclassique et jusqu’à nos jours encore», confirme Sylvie Peperstrate, professeure et spécialiste des religions du Mexique ancien.

Dans son dernier ouvrage, «À l’ombre de Quetzalcoatl. Les prêtres et l’organisation sacerdotale aztèques», elle revient longuement sur l’utilisation et la signification du feu chez les Aztèques. On apprend ainsi que pour les nahuas, il n’était pas seulement synonyme de chaleur, mais aussi de lumière. Il possède aussi des propriétés fertilisantes (p.83). «Allumer un feu, au Mexique ancien, signifiait faire jaillir une étincelle de vie. Il s’agissait donc d’un acte de création», écrit-elle. Cela explique aussi pourquoi ils allumaient un feu au commencement ou à la fin d’un cycle. De quoi rappeler le Codex Borbonicus dont la dernière partie est consacrée à la cérémonie du feu nouveau qui assurait la transition d’un cycle de 52 ans à l’autre.

Le feu est aussi un moyen de communiquer avec les Dieux et de les nourrir (p.84). «Il connote –notamment et en fonction du contexte– la fertilité, la transformation, la purification, la guerre ou encore le début des temps et la création», indique Sylvie Peperstraete.

«Dans le cas des prêtres, beaucoup de rites (encensement, sacrifice, funérailles, …) font appel au feu ou à son symbolisme. Il y a même une catégorie de prêtres, celles des tlenamacaque, directement liée à l’élément igné», ajoute la spécialiste.