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1 500 km de voies ferrées qui vont relier les principaux sites Mayas du Mexique. Le train maya, voulu par le président Andres Manuel Lopez Obrador et lancé dès 2018, n’en finit plus de faire des vagues.

Le tracé du train maya © Wikipedia
Le tracé du train maya © Wikipedia

Se fera-t-il ? Ou pas ? En 2018, Andres Manuel Lopez Obrador (AMLO) tout juste élu annonce la création du train maya. Ce projet, grandiose, doit permettre de relier en train les principaux sites touristiques mayas du Mexique. «Il apportera l’éducation, la santé et le logement aux communautés traversées par le train» , avait alors affirmé le président mexicain. Avant la mise en service, il faut déblayer le terrain pour reprendre les parties des voies déjà existantes mais abandonnées, en créer de nouvelles… Et parfois même détruire le patrimoine, au grand dam des associations de défense de l’environnement et des archéologues.

Le train maya, un projet fortement contesté

Car si le projet part d’une bonne intention, développer le tourisme local et rendre plus facilement accessible des sites parfois perdus au milieu de la jungle, il n’en demeure pas moins fortement contesté. «Nous avons un gouvernement populiste très efficace. J’ai parfois l’impression d’entendre Chavez», s’agace Rosario Acosta Nieva, archéologue mexicaine. Le gouvernement AMLO mise en effet sur une communication à outrance portée sur la préservation du patrimoine local. Mais s’en soucie-t-il vraiment ? «Les archéologues mexicains ont proposé leur aide à Lopez Obrador pour calculer l’impact dans l’écosystème du train. Ils devaient trouver une route qui fasse le moins de dégâts possibles. Mais Lopez Obrador dans son allocution de 7h du matin a dit ‘on remercie les scientifiques qui se sont proposés mais la plupart d’entre eux n’ont jamais mis les pieds là dans l’aire maya, ils n’y connaissent rien’. Des collègues qui ont passé des années à travailler là-bas étaient outrés.»

En effet, ils sont nombreux à penser que ce train loin de valoriser le territoire, va le détruite. En traversant certains endroits reculés, le train maya va augmenter le risque de pollution et d’effondrement de certaines caves fouillées par les archéologues. Il leur a ainsi été demandé de classer toutes les découvertes faites le long de la future ligne de chemin de fer de 1 à 4. 1 pour les découvertes importantes, 4 pour celles qui le sont moins. Les sites classés en 4 seront probablement traversés par le train maya, voire complètement détruits s’inquiètent les spécialistes. Et des découvertes, le long du futur tracé du train, les archéologues en ont déjà fait une multitude comme le relate The Washington Post. Malheureusement, «les archéologues de l’INAH ne sont pas assez nombreux pour fouiller tous les sites qui ont été trouvés», souligne Eric Taladoire.

1 500 km de voies, 5 états traversés

Le train doit traverser 5 états mexicains pour une longueur de 1 500km : le Yucatan, le Campeche, le Quintana Roo, le Chiapas et le Tabasco. Aller de Cancun, Tulum, Chetumal pour aller à Palenque, Calakmul. De savoir qu’il va y avoir autant de touriste à Palenque ou Calakmul ne réjouit pas vraiment cette spécialiste. «Drainer une quantité de touristes qu’on peut avoir à Cancun sur des sites comme cela, j’avoue que cela m’effraie un peu», commente Elodie Bordat-Chauvin Maîtresse de conférence à l’Institut d’études européennes de Paris 8 interrogée par France Culture lors d’un débat sur le train maya. Une pétition contre le train maya a déjà rassemblé 280 892 signatures.

AMLO veut qu’il soit mis en service en 2024.

Sources : France Culture, The Washington Post