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Le président mexicain, Andrés Manuel López Obrador (AMLO), demande le retour au pays du penacho de Moctezuma exposé au Weltmuseum de Vienne. Va-t-il obtenir satisfaction ?

Le Penacho de Moctezuma © Wikimedia
Le Penacho de Moctezuma © Wikimedia

C’est l’une des pièces phares du Musée d’ethnologie de Vienne, le Weltmuseum. Lui, c’est le penacho de Moctezuma. Une coiffe composés de près de de 450 plumes vertes de quetzal et large d’1m50 embellie de pierres précieuses dorées. Lors de la conquête du Mexique, les Aztèques ont offert à Cortès de l’or et des pierres précieuses, mais aussi des plumes. Le conquistador tombe sous le charme de l’art de la plumasserie aztèque. A son retour en Espagne, il ramène des objets faits de plumes, mais aussi selon toute vraisemblance le fameux Penacho de Moctezuma. Comment a-t-il atterri en Autriche ? La question n’est pas tranchée, mais il est mentionné pour la première fois dans la collection de l’archiduc Ferdinand III du Tyrol en 1596.

Une demande officielle faite en octobre 2020

En octobre 2020, AMLO fait une demande officielle auprès du gouvernement autrichien afin de récupérer le penacho de Moctezuma. Son idée était de l’exposer en 2021, pour célébrer les 200 ans d’indépendance du Mexique rapporte L’Express. Le musée indique qu’il serait malvenu de bouger la coiffe et que cela l’abimerait. Les experts mexicains sont d’accord avec leurs homologues autrichiens après une étude réalisée en 2010. Cette dernière prouvait que le penacho souffrirait de vibrations lors de son déplacement. En février 2022, le président mexicain en remet une couche lors d’une conférence de presse. Et depuis ? Rien. Le penacho n’a pas bougé d’un iota. A Mexico, c’est sa copie qui est exposée au Musée national d’anthropologie.

Pourtant, le Mexique ne ménage pas ses efforts quand il s’agit de revendiquer son patrimoine «volé». Au mois d’août 2022, le pays a ainsi organisé un forum international sur le rapatriement des biens culturels. Alejandra Fraustro, Secrétaire à la Culture du Gouvernement du Mexique, est passée maître dans l’art de dénoncer les ventes aux enchères qu’elle juge illégales, en France. Très régulièrement, elle prend ainsi sa plume et tweete en citant les maisons d’enchères françaises concernées. Parfois avec succès. Le Mexique a obtenu par le passé le rapatriement de nombreux biens culturels, une urne maya conservée aux États-Unis, des pièces issues d’une collection privée espagnole… Mais le penacho de Moctezuma est un sujet à part.

Du populisme ?

Selon toute vraisemblance, il ne bougera jamais de là où il est. Et c’est tout à fait normal selon Rosario Acosta Nieva, archéologue. «En écrivant une lettre, AMLO a donné l’impression qu’il nous défend contre toute logique. Il y a eu des restitutions qui ont été faites par l’Autriche. C’est un geste qui permet d’avoir de bonnes relations diplomatiques.» Mais selon elle, rien ne justifie un retour au pays pour le penacho. Un avis que partage l’historien et politologue Jose Antonio Crespo : «M.Lopez Obrador joue avec les symboles et cette coiffe est l’un d’entre eux. C’est une manière de dire ‘moi, je suis du côté du peuple. Je suis celui qui essaie de récupérer ce que les Européens nous ont pris.’»