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Avec le LiDAR, une technologie récente permettant de cartographier le sol à travers la végétation, les archéologues multiplient les découvertes. Et cela ne fait que commencer…

Un LiDAR (Wikimedias/David Monniaux)
Un LiDAR (Wikimedias/David Monniaux)

60 000 maisons, palais et autres pyramides enfouis sous la canopée. Une ville insoupçonnable à l’œil nu. C’est ce qu’ont découvert les chercheurs en février 2018 dans la région du Péten au nord du Guatemala. En juin 2020, l’archéologue Takeshi Inomata de l’Université d’Arizona, révélait l’existence du site d’Aguada Fénix situé dans l’état du Tabasco au Mexique. La structure, vieille de 3 000 ans, aurait pu servir à des cérémonies ou des rites. Vu du sol ou même du ciel pourtant, rien ne permet de distinguer une pyramide. La plaine sur laquelle il a été érigé est recouverte par endroit d’arbres. Elle est utilisée par les habitants de la région pour l’agriculture et comme zone de pâturage. Plus récemment, des archéologues ont mis au jour une structure inspirée d’un bâtiment de la civilisation Teotihuacán à plusieurs milliers de kilomètres de là, à Tikal.

« Le LiDAR, c’est fantastique »

Toutes ces découvertes n’auraient probablement jamais été faites sans une avancée technologique majeure : le LiDAR. Cet outil consiste à envoyer des impulsions lumineuses au sol depuis un avion. Il permet de cartographier le sol au travers de la végétation et donc de voir ce qui se cache sous les arbres. Vous voyez une bosse de terre ? Le LiDAR vous dira qu’il s’agit d’une pyramide. Chloé Andrieu, chercheuse au CNRS à la tête du programme de fouilles Raxruha Viejo au Guatemala, ne cache pas son enthousiasme. « Le LiDAR, c’est fantastique car ça nous donne des cartes au-delà du végétal. » Interrogé par France Inter, Philippe Nondedeo confirme. Le LiDAR « a permis de sonder une région à la végétation trop dense pour être explorée à pied. Ces impulsions traversent la végétation, et permettent de restituer les reliefs qui se trouvent en dessous ». Outre sa capacité à voir ce que l’œil humain ne décèle pas, il permet aussi d’avoir « une vision beaucoup plus complète des villes« , ajoute Chloé Andrieu.

Une aide mais qui ne remplace pas le travail de terrain

Ce nouvel outil au service de l’archéologie va donc changer en profondeur le travail des chercheurs. « C’est en effet une technique très performante qui modifie les conditions de la recherche. Les découvertes tombent les unes après les autres et changent nos perspectives« , constate Eric Taladoire, archéologue et spécialiste des Mayas. Mais l’auteur du livre L’aventure Maya, découvertes du XVIe au XXIe siècle nuance l’enthousiasme que cet instrument pourrait susciter au sein de la communauté scientifique ainsi que chez le grand public. En effet, « cette couverture montre où et ce qu’il faut chercher, mais ne remplace pas la recherche et le travail de terrain. Pour Aguada Fénix, on a une idée du plan du site, mais on ne sait pas la date exacte, si tous les édifices sont contemporains… On ignore leurs fonctions, bref tout ce que seul le travail de terrain et de fouilles apporte.« , conclut-il.