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La cité de Monte Albán, dans la région d’Oaxaca, fut tour à tour occupée par les Zapotèques puis les Mixtèques. Elle a fait l’objet d’une étude récente portant sur sa longévité et son mode de gouvernance.

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Monte Alban © M.C.

Pourquoi certaines cités mexicaines se effondrées du jour au lendemain ? Et pourquoi au contraire certaines sont restées en place des décennies durant ?

On en sait un peu plus sur les raisons du collapse maya. Ayant fait l’objet d’intenses recherches, on a maintenant une certitude : l’effondrement des cités mayas n’est pas dû à un seul facteur mais à une combinaison de plusieurs. Comme l’explique Chloé Andrieu, chercheuse au CNRS, le collapse maya résulte de la chute du système de royauté et d’un système politique, de la multiplication des guerres et de plusieurs épisodes de sécheresse sévère. Et si comme pour l’effondrement de certaines cités, les causes de la longévité de certaines autres étaient multiples ?

La gouvernance collective permet de durer plus longtemps

C’est en étudiant de plus près le site de Monte Albán que l’archéologue américain Gary M. Feinman en est venu à la conclusion suivante : la gouvernance collective de la cité a permis à cette dernière de durer plus longtemps. Gary M. Feinman et ses collègues ont étudié 26 centre urbains préhispaniques en Mésoamérique. Il s’est révélé que 12 d’entre eux étaient organisés autour d’un pouvoir collégial et non pas autocratique. Pour arriver à de telles conclusions, les archéologues ont analysé la structure des villes, les stèles trouvées sur place, les systèmes ou non d’irrigation etc.

C’était notamment le cas à Monte Albán. La ville fut construite vers l’an 500 avant J.C. par des habitants de la région puis tour à tour occupée par les Zapotèques puis les Mixtèques. Les Zapotèques en firent leur capitale jusqu’en 800 après J.C. La ville a ensuite été abandonnée puis réinvestie par les Mixtèques.

Les régimes autocratiques n’investissaient pas dans les biens publics

Les régimes autocratiques «avaient tendance à coexister avec de maigres investissements dans les biens publics et une dépendance à l’égard de sources de revenus externes, telles que le contrôle des ressources locales, les domaines royaux ou la monopolisation des routes commerciales», précise-t-il. Au contraire, «le pouvoir collectif avait tendance à se produire avec des bureaucraties importantes, la dispersion des biens publics et le recours à des sources de revenus locales ou internes pour financer la gouvernance.»

Monte Albán, une ville égalitaire

Pour Gary M. Feinman, cela fait une différence fondamentale et permet d’expliquer la longévité de certaines cités par rapport à d’autres. Pour le cas précis de Monte Albán, il note que c’était une ville égalitaire. «Il n’y a pas de tombes riches, pas de grandes caches de richesses domestiques ou d’autres preuves de différences de richesse extrêmes, et pas de grand palais orné.» Ainsi, il n’y avait pas un individu glorifié plus qu’un autre, pas de représentation non plus d’un quelconque gouverneur comme c’était souvent le cas dans les cités Mayas.

Pour l’archéologue, il ne fait aucun doute que ce système de gouvernance, plus égalitaire, attirait les habitants et permettait à la ville de prospérer.

Source : Field Museum, Frontiers