Ce que nous apprennent les cheveux retrouvés dans des quipus incas
Qui confectionnait les quipus, ces assemblages de fils qu’utilisaient les Incas ? Des chercheurs viennent d’analyser des cheveux retrouvés dans un quipu. Voici ce qu’ils ont appris…

Depuis plusieurs années déjà, le débat anime la communauté scientifique. Les quipus étaient-ils une sorte d’écriture ? Au même titre que l’écriture manuscrite telle que nous la connaissons.
Au début, on pensait que ces cordelettes assemblées, formant des nœuds, servaient uniquement à compter. Les Incas les utilisaient ainsi pour vendre et commercer. Puis certains archéologues ont identifié qu’il s’agissait d’un langage à part entière. « Si vous acceptez l’idée que l’écriture n’est pas uniquement basée sur des lettres, alors évidemment les quipus sont une forme très originale d’écriture », nous expliquait ainsi Franck Garcia, docteur en archéologie à la Sorbonne, auteur du livre Les Incas (Ellipses), dans un précédent article.
Les cheveux, une signature à part entière
Une nouvelle découverte pourrait encore changer ce que l’on sait des quipus. En effet, des chercheurs de l’université St Andrews ont étudié le quipu KH0631. Ils ont rendu publiques leurs conclusions dans un long article publié sur Science. Et ce qu’ils ont trouvé est stupéfiant. À l’intérieur du quipu, il n’y a pas seulement des fils, mais aussi une longue mèche de cheveux. Pour les auteurs de l’étude les cheveux dans les quipus servaient de signature. Et leur analyse permet d’en savoir plus sur l’auteur en question.

« La corde principale est constituée d’une section de cheveux humains d’au moins 104 cm de long, pliée en deux et torsadée. L’échantillon représente deux périodes de la vie de l’individu séparées de plus de 8 ans. Les cheveux blancs indiquent que l’individu était probablement âgé », indiquent les chercheurs.
Le statut social de l’auteur n’est pas celui que l’on croyait
L’analyse de la mèche a permis de déterminer le régime alimentaire de l’auteur du quipu. Là encore, une surprise attendait les scientifiques. La personne suivait en effet un régime alimentaire typique de la classe inférieure. Or, d’après les récits des conquistadors, on pensait que les quipus étaient seulement le fait de bureaucrates masculins faisant partie de l’élite. Le chroniqueur indigène, Guaman Poma de Ayala, a déclaré que les femmes fabriquaient également des registres de quipus, mais il n’a pas été pris au sérieux. En étudiant d’autres mèches contenues dans des quipus, le rôle des femmes dans la création des quipus pourrait être prouvé.
Une chose est sûre, les quipus n’ont pas fini de faire parler d’eux…
Laisser un commentaire